Conférence Africae Munus - i Cavalieri della Carità

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Conférence Africae Munus

MISSIONE IN AFRICA > Insegnamenti




DES PISTES SURPRENANTES INDIQUEES  PAR LE PAPE BENOIT XVI
DANS  L'EXHORTATION APOSTOLIQUE POST-SYNODALE  "AFRICAE MUNUS"

Je voudrais d'abord vous remercier pour la confiance que vous m'avez accordée en m'invitant à traiter de la récente Exhortation Apostolique post-synodale "Africae munus" (AM) du Pape Benoît XVI. Le sujet de notre entretient est le suivante: tout d'abord mieux cerner ce document, mais surtout mettre en évidences quelques unes des pistes surprenantes indiquées par le Pape; ce sont des perspectives importantes car elles se retrouvent comme un commun dénominateur dans les différents thèmes abordés par l'Exhortation. Notre méthode de réflexion sur ce vaste et profond document pontifical sera la suivante: offrir des réponses brèves et claires aux questions qui nous viennent spontanément l'esprit alors que nous découvrons graduellement ces indications en lisant ce document. Nous allons éclairer ces perspectives avec des extraits des discours prononcés par le Pape en relation avec son voyage au Bénin.

1. Cette Exhortation post-synodale est un document du magistère de Benoît XVI; quelle est son attitude face à l'Afrique et comment considère-t-il l'Eglise Catholique dans la continent africain? Il aime beaucoup, estime et admire l'Afrique et les Africains, et cela se voit! Dans son discours du 22 décembre 2011 aux cardinaux et aux membres de la curie romaine - discours annuel très important car le Pape y trace un bilan de son année d'activité pastorale - Benoît XVI a comparé la situation de l'Eglise en Europe avec celle qu'il a constatée et vécue durant sa visite pastorale au Bénin: "La visite en Afrique, avec sa passion joyeuse pour la foi, a été un grand encouragement. Là-bas on ne perçoit aucun signe de la fatigue au sujet de la foi, qui est tellement diffuse parmi nous, rien de cette tiédeur d'être chrétiens que l'on perçoit de façon continue parmi nous. Avec tous les problèmes, toutes les souffrances et douleurs qui sont certainement propres à l'Afrique, on y sentait toujours la joie d'être chrétiens, d'être soutenus par le bonheur intérieur de connaître le Christ et d'appartenir à son Eglise. De cette joie naissent aussi les énergies pour servir le Christ dans les situations opprimantes de la souffrance humaine, pour se mettre à sa disposition, sans se replier sur notre bien-être. Rencontrer cette foi prête au sacrifice et joyeuse en cela, c'est un grand médicament contre la fatigue d'être chrétiens que nous sentons en Europe" (Oss :Rom. 23.12.2012, p. 8).
Benoît XVI a une sollicitude pastorale toute particulière pour l'Afrique. Il défend les droits des Africains dans toutes les assises nationales et internationales. Cette estime et cet attachement pour l'Afrique lui sont rendus par les Africains même non chrétiens; Mme Kouibourath Osseni, grand chancelier du Bénin, une musulmane, dans son discours de bienvenue à Benoît XVI le 19 novembre 2011 l'a remercié "pour avoir assisté l'Afrique dans son cheminement et pour avoir défendu sa cause avec tout le poids de son autorité morale. Pour nous vous êtes un vrai ami de l'Afrique et des Africains" (Oss. Rom. 20.11.2011, p. 6).

2. Quels sont les principaux problèmes ou défis affrontés par cette Exhortation apostolique post-synodale? Le thème central autour duquel s'articule tout ce document est la mission évangélisatrice de l'Eglise en Afrique qui, dans le contexte actuel du continent, se concentre sur la promotion de la réconciliation, de la justice et de la paix; Benoît XVI l'affirme explicitement dès le premier paragraphe de son Exhortation et précise que ce thème est propre et spécifique à l'Eglise en Afrique (AM 1).
Le Pape affronte aussi un second thème: les effets produits sur les Africains par l'impact de la culture et du style de vie du monde moderne, surtout l'occidental; en effet, il écrit: "L'homme est pétri par son passé, mais il vit et chemine aujourd'hui. Il regarde l'avenir. Comme le reste du monde, l'Afrique vit un choc culturel qui porte atteinte aux fondements millénaires de la vie sociale et rend parfois difficile la rencontre avec la modernité … (c'est une) crise anthropologique…" (AM 11). Il ajoute plus loin dans son Exhortation: "Les initiatives de l'Église dans l'appréciation positive et la sauvegarde des cultures africaines sont connues. Il est très important de poursuivre cette tâche, à l'heure où le brassage des peuples, tout en constituant un enrichissement, fragilise souvent les cultures et les sociétés. L'identité des communautés africaines se joue dans ces rencontres interculturelles" (AM 38). Ce "choc culturel", ce " brassage des cultures", ces "rencontres interculturelles" sont véhiculés principalement par les moyens de communication sociale qui imposent un changement radical des mentalités et des habitudes de vie de la population, spécialement des jeunes, et qui font en sorte que les gens s'éloignent de leurs valeurs traditionnelles et de l'Eglise. Le matérialisme qu'il propagent accroît les divisions sociales et les luttes et constitue un obstacle pour la réconciliation, à la justice et à la paix
A son arrivée à l'aéroport de Cotonou le 18 novembre 2011, le Pape a fait une importante affirmation au sujet de comment conjuguer la modernité avec l'héritage religieux et culturel reçu des générations précédentes: "La modernité ne doit pas faire peur, mais elle ne peut se construire sur l'oubli du passé. Elle doit être accompagnée avec prudence pour le bien de tous en évitant … l'effritement des valeurs humaines, culturelles, éthiques et religieuses. Le passage à la modernité doit être guidé par des critères sûrs qui se basent sur des vertus reconnues … mais également celles qui s'ancrent dans la dignité de la personne, la grandeur de la famille et le respect de la vie … Dieu fait confiance à l'homme et il désire son bien. C'est à nous de Lui répondre avec honnêteté et justice à la hauteur de sa confiance" (Oss. Rom. 20.11.2011, p. 8).

3. Quel en est son fil conducteur? C'est l'affirmation faite par Jésus-Christ au sujet du mode de présence de ses disciples dans le monde: "Vous êtes le sel de la terre … Vous êtes la lumière du monde" (Mt 5, 13.14). Cette expression évangélique figure sur le frontispice de l'Exhortation et est citée onze fois dans le texte de l'Exhortation. Le Pape affirme explicitement que cette consigne évangélique, qui qualifie actuellement la mission de l'Eglise en Afrique, constitue le "fil conducteur" du Synode, de son Exhortation Apostolique et "de la période post-synodale" (AM 6). Il s'agit donc d'une Eglise qui n'est pas refermée sur elle-même, mais qui se dédie avec ardeur à sa mission dans le monde. Dans son discours aux Evêques du Bénin le 19 novembre 2011, Benoît XVI a répété ce qu'il avait écrit dans l'Exhortation Apostolique "Verbum Domini": affirmé: ""En aucune façon l'Eglise ne peut se limiter à une pastorale de l'entretien en faveur de ceux qui connaissent déjà l'Evangile du Christ. L'élan missionnaire est un signe clair de la maturité d'une communauté ecclésiale" (n. 95). L'Eglise doit donc aller vers tous" (Oss. Rom. 21-22.11.2011, p. 9).

4. Quel est la valeur de ce document? C'est un acte du magistère ordinaire du Pape et qui a l'appui du Synode des Evêques africains. Benoît XVI a puisé aux propositions qui sont issues du Synode; au sujet de ces assises il écrit: "La qualité des interventions des Pères synodaux et des autres personnes qui sont intervenues durant les assises, m'a impressionné. Le réalisme et la clairvoyance de leur contribution ont démontré la maturité chrétienne du continent. Ils n'ont pas eu peur d'affronter la vérité et ils ont cherché sincèrement à réfléchir à des solutions possibles aux problèmes qu'affrontent leurs Églises particulières, et même l'Église universelle" (AM 4). L'Exhortation Apostolique est donc le fruit d'une analyse collégiale faite par des Africains pour les Africains, une analyse ample et profonde des réalités du continent faite à la lumière de l'Evangile et du Magistère de l'Eglise; ses indications et les voies proposées sont des solutions adéquates car elles proviennent de personnes qualifiées.

5. Est-ce que ce document se suffit à lui-même ou a besoin d'être illuminé par d'autres documents pontificaux? Il faut noter que Benoît XVI cite à plusieurs reprises ses cinq précédentes encycliques et exhortations apostoliques post-synodales: la "Deus caritas est" qui traite de l'amour humain et la charité chrétienne - la "Sacramentum caritatis" sur l'Eucharistie - la "Spe salvi" sur l'espoir humain et l'espérance chrétienne - la "Caritas in veritate" sur le progrès humain dans l'actuel contexte économique mondial - la "Verbum Domini" sur la Parole di Dieu. Cela signifie que les solutions indiquées par le Pape à des problèmes spécifiques dans ces différents domaines intègrent les indications qu'il présente dans la "Africae munus"; l'Eglise en Afrique affronte déjà actuellement ou aura à affronter dans son prochain futur les mêmes problématiques que l'Eglise universelle et les pays occidentaux. Par exemple, la "Spe salvi" et la "Caritas in veritate" sont des guides qui aident l'Afrique à éviter les graves erreurs dans lesquelles sont tombées les cultures et les économies des pays occidentaux; ces pays ont atteint la réconciliation, la justice et la paix, mais leurs graves déviations idéologiques et pratiques, comme par exemple certains points de leur législation qui va contre la loi naturelle comme dans le cas de l'avortement et de l'euthanasie, le style de vie matérialiste, le relativisme, le positivisme, l'absence d'éthique dans la gestion de l'économie et des finances, les ont portées à leur décadence. La "Africae munus", intégrée par les autres encycliques, est un document qui revêt une importance vitale pour l'Eglise en Afrique.

6. Pourquoi dans l'Exhortation apostolique le Pape interpelle l'Eglise universelle alors que ce document s'adresse à l'Eglise en Afrique? Benoît XVI l'a fait pour favoriser un inter échange sous différents aspects entre les Eglises particulières de la catholicité et celles de l'Afrique. Dans son document, il énumère les divers motifs pour lesquels il s'adresse aussi à l'Eglise universelle. En premier lieu, durant le deuxième Synode ont été indiquées des "solutions" aux problèmes affrontés non seulement par les Eglises particulières en Afrique, mais aussi par "l'Eglise universelle" (AM 4); c'est pourquoi le Pape a voulu "transmettre à l'Eglise universelle … les fruits des sessions synodales" (AM 3). En second lieu l'image de l'Eglise comme "Famille de Dieu" est "importante" pour l'Eglise universelle (AM 7). En troisième lieu, le Pape souhaite la renaissance "sous une forme différente et nouvelle, de la prestigieuse École d'Alexandrie. Pourquoi ne pas espérer qu'elle puisse fournir aux Africains d'aujourd'hui et à l'Église universelle de grands théologiens et des maîtres spirituels?" (AM 137). En quatrième lieu, le Pape souhaite avec les Pères synodaux qu'une "Année de la Réconciliation " soit célébrée en Afrique et laisse entrevoir qu'à partir de l'Afrique elle pourrait s'étendre à l'Eglise universelle (AM 157) parce qu'en plusieurs endroits les hommes souffrent des mêmes blessures. Enfin, "l'Église qui chemine en Afrique est appelée à contribuer à la nouvelle évangélisation également dans les pays sécularisés, d'où provenaient auparavant de nombreux missionnaires et qui aujourd'hui manquent malheureusement de vocations sacerdotales et à la vie consacrée…  ainsi (est soutenue) de façon précieuse la nouvelle évangélisation dans les pays d'ancienne tradition chrétienne" (AM 167). Ces deux faits, c'est-à-dire l'intégration de la "Africae munus" avec les autres encycliques de Benoît XVI et l'implication de l'Eglise universelle, font en sorte qu'est évité le danger de "l'absolutisation de la culture africaine" contre lequel le Pape nous met en garde (AM 102).

7. Comment le Pape présente-t-il la réconciliation, la justice et la paix? Il les voie non comme le résultat de techniques ou de façons d'agir simplement humaines, mais comme le fruit de la charité surnaturelle: "Animée par une "foi opérant par la charité" (cf. Ga 5, 6), l'Église désire apporter des fruits de charité: la réconciliation, la paix et la justice (cf. 1 Co 13, 4-7). Le titre des différentes encycliques et exhortations post-synodales de Benoît XVI nous montre déjà que le fil conducteur de son magistère est la " caritas". Ce concept va bien au-delà du simple geste de "faire la charité" à un démuni; la "caritas" c'est la participation humaine à l'amour qu'il y a en Dieu lui-même, amour qui est partagé dans l'Eglise et qui se manifeste dans le service du prochain. La "caritas", c'est le centre propulseur de la liturgie, de la morale et de la mission de l'Eglise, comme Benoît XVI l'a bien expliqué dans son encyclique "Deus Caritas est" (n. 18). C'est pour ce motif que la réconciliation, la justice et la paix naissent et croissent dans la bonne terre de la charité. D'où une particulière insistance du Pape sur la vertu théologale de la "charité" tout au long de son document.

8. Quelles sont les principales indications pastorales de la "Africae munus" au sujet des jeunes? Le Pape reconnaît: "Les jeunes constituent en Afrique la majorité de la population" (AM 60). Si cela est vrai pour toute l'Afrique, ce l'est à plus forte raison pour Kpalimé où confluent des milliers de jeunes pour étudier dans les écoles, les collèges, les lycées, les écoles techniques. Aujourd'hui les jeunes sont bombardés, ajoute Benoît XVI,  par " des sollicitations de toutes sortes : idéologies, sectes, argent, drogue, sexe facile, violences…, (qui) peuvent vous tenter … ceux qui vous font ces propositions veulent détruire votre futur!" (AM 63). Les jeunes accèdent très rapidement aux moyens modernes de communication sociale qui sont dans les mains de puissants groupes économiques. Les jeunes entrent alors en contact avec des sollicitations publicitaires, des critères culturels et des modèles de comportement devant lesquels ils n'ont ni la maturité ni la préparation suffisante pour faire un bon discernement moral. L'éthique sexuelle présentée par l'Eglise est jugée par eux comme quelque chose de dépassé, comme un obstacle à être heureux alors qu'ils s'éveillent à l'amour et aspirent à l'exercice prématuré d'une sexualité mal comprise ou comprise de façon erronée. La morale sexuelle catholique devient alors le principal motif pour lequel ils s'éloignent de la pratique sacramentelle (confession et messe dominicale), de l'église paroissiale et même de la foi. Les conséquences sont désastreuses d'abord pour les jeunes eux-mêmes, mais aussi pour l'Eglise: sans les jeunes, l'Eglise n'a pas de futur, ni même de présent, comme cela se constate en Europe où dans les églises, presque vides, on ne voit que des personnes âgées.
Je voudrais ici mettre en relief trois indications pastorales de Benoît XVI à ce sujet. Dans la première il propose:  "Si le Christ est présenté aux jeunes avec son vrai visage, ils le voient comme une réponse convaincante et ils sont capables de recevoir son message, même s'il est exigeant et marqué par la Croix" (AM 60). En second lieu, il affirme la nécessité d'une formation au vrai amour: les jeunes "ont besoin de témoins et de maîtres, qui marchent avec eux et qui les forment à aimer" à l'école de Jésus Christ (AM 61). La troisième indication, c'est l'élaboration d'une conception de l'homme sur laquelle se fonde la vraie morale sexuelle; cette anthropologie devrait présenter la sexualité humaine dans le cadre du développement intégral de la personne; cette affirmation, Benoît XVI la fait en parlant de la prévention du sida dans son Exhortation: "Le problème du sida, en particulier, exige certes une réponse médicale et pharmaceutique. Celle-ci est cependant insuffisante car le problème est plus profond. Il est avant tout éthique. Le changement de comportement qu'il requiert - par exemple : l'abstinence sexuelle, le refus de la promiscuité sexuelle, la fidélité dans le mariage -, pose en dernière analyse la question du développement intégral qui demande une approche et une réponse globales de l'Église. Car pour être effective, la prévention du sida doit s'appuyer sur une éducation sexuelle elle-même fondée sur une anthropologie ancrée dans le droit naturel, et illuminée par la Parole de Dieu et l'enseignement de l'Église" (AM 72). Ces paroles du Pape nous font voir qu'une telle anthropologie chrétienne devrait présenter la chasteté de façon positive pour être compréhensible et motivante pour les jeunes; en effet, cette vision de la chasteté, en dépassant le concept limitatif d'abstinence et de continence, montrerait que cette vertu conduit au développement intégral, équilibré et harmonieux du jeune, le guide façon efficace vers la maturité humaine et chrétienne. Voyez quelles perspectives nous ouvre l'Exhortation post-synodale de Benoît XVI ; elle nous invite à être plus modernes, plus à l'avant-garde que la mentalité occidentale.

9. Pourquoi et dans quel sens Benoît XVI parle-t-il de la formation? Auparavant, j'ai cité les paroles de Benoît XVI nous invitant à former les jeunes à aimer. Parmi les plusieurs et belles surprises que nous réserve le Pape, une des plus importantes c'est celle de son insistance sur une adéquate formation à tous les niveaux dans l'Eglise. Les mots "former" et "formation" apparaissent 76 fois dans son Exhortation! C'est le grand, le principal moyen pour que tous les membres de l'Eglise puissent actualiser les deux objectifs pastoraux de l'Exhortation: d'une part, la mission évangélisatrice de la réconciliation, de la justice et de la paix; d'autre part, le sain discernement de l'impact de la culture moderne en Afrique pour en assumer les valeurs positives qui améliorent les conditions de vie des Africains et pour en rejeter les aspects de " déshumanisation" comme l'appelle le Pape (AM 143).
Mais qu'est-ce que la formation? Dans notre langage courant, ce terme désigne l'instruction, l'acquisition de connaissances; dans ce sens, la formation s'adresse à l'intelligence. Benoît XVI emploie ce terme aussi dans ce sens, mais non d'une façon exclusive. En effet, tous nous savons - et le Pape en premier -  que la seule formation doctrinale ne suffit pas pour faire de vrais chrétiens. Il faut que le chrétien assimile, fasse siennes et vive les connaissances religieuses qu'il a apprises, de sorte qu'elles deviennent des vertus, des habitudes de vie. C'est là le sens profond de la formation; elle interpelle la volonté, forge la bonne volonté; c'est la pratique volontaire et assidue des vertus chrétiennes qui nous fait acquérir la "forme" de chrétien authentique; dans ce sens, Benoît XVI a fait sienne la proposition du Synode de "maintenir un lien vivant entre le catéchisme mémorisé et la catéchèse vécue (la formation, pourrait-on dire), pour conduire à une conversion de vie profonde et permanente" (AM 32). Les principaux formateurs dans l'Eglise, ce sont, outre les parents, les prêtres et les catéchistes. A nous prêtres, le Pape dit: "En vous consacrant surtout à ceux que le Seigneur vous confie pour les former aux vertus chrétiennes … vous en ferez aussi les protagonistes d'une société africaine renouvelée. Face à la complexité des situations auxquelles vous êtes confrontés, je vous invite à approfondir votre vie de prière et votre formation continue … Vous serez ainsi capables, à votre tour, de former les membres de la communauté chrétienne dont vous êtes les responsables immédiats pour qu'ils deviennent d'authentiques disciples et témoins du Christ " (AM 109). Quant aux catéchistes, il dit : "J'invite les Évêques et les prêtres à prendre soin de la formation humaine, intellectuelle, doctrinale, morale, spirituelle et pastorale des catéchistes, … Chers catéchistes, souvenez-vous que, pour un grand nombre de communautés, vous êtes le visage concret et immédiat du disciple zélé et le modèle de la vie chrétienne" (AM 126-127). En définitive, c'est la cohérence de vie, fruit de la formation morale, qui confère au chrétien une autorité morale grâce à laquelle il est estimé et respecté par tous et en est mesure d'exercer une influence efficace pour promouvoir la réconciliation, la justice et la paix dans la société.     

10. Dans ce document comment Benoît XVI considère-t-il l'homme? Le Pape nous offre ici une autre belle surprise; il révèle graduellement sa pensée par le biais de trois indications. La première, c'est de "retrouver et promouvoir une conception de la personne et de son rapport à la réalité fondée sur un renouveau spirituel profond" (AM 11). La seconde précise que ce renouveau spirituel consiste en ce que l'homme veuille "rechercher Dieu, "Amour éternel et Vérité absolue"" (AM 12). Enfin, la troisième indication c'est que l'homme doit être considéré comme un interlocuteur de l'amour de Dieu: "Au-delà des différences d'origine ou de culture, le GRAND DEFI QUI NOUS ATTEND TOUS, est de discerner dans la personne humaine, aimée de Dieu, le fondement d'une communion qui respecte et intègre les contributions particulières des diverses cultures. Nous "devons ouvrir réellement ces frontières entre tribus, ethnies, religions à l'universalité de l'amour de Dieu". Des hommes et des femmes différents par l'origine, la culture, la langue ou la religion, peuvent vivre ensemble harmonieusement" (AM 39). Benoît XVI invite donc l'Eglise en Afrique à développer et à approfondir une conception de l'homme axée sur l'amour de Dieu et du prochain: la personne humaine est aimée de Dieu, elle reçoit son amour, y correspond et le partage avec ses semblables. Une telle vision qui considère l'homme comme appelé à l'amour de Dieu et du prochain, fait émerger de nouveau sa bonté naturelle et la renforcit. Cette anthropologie peut constituer une plateforme commune pour un dialogue fécond entre les Africains croyants et de bonne volonté pour assurer la réconciliation, la justice et la paix.

Conclusion
  Dans son Exhortation Apostolique, Benoît XVI souligne que l'Afrique a un "sol et un sous-sol aux immenses ressources" (AM 13). Ce document du Pape est comme l'Afrique: il présente un sol riche en ressources théologiques et pastorales, mais son sous-sol est encore plus riche. Pour bien comprendre ce document et pour en extraire toute sa richesse doctrinale et pastorale sous-jacente, il faut le lire avec attention, le relire plusieurs fois et le méditer dans la prière car son contenu est dense et condensé; plus on le médite, plus on découvre ses richesses insoupçonnés. De plus, le style est très clair et sans ambiguïté, et les réalités, bonnes ou mauvaises, sont qualifiées par leurs vrais noms. Enfin c'est un document très ample car il s'adresse directement à toutes et à chacune des composantes de l'Eglise (AM 100-131) et de la société civile en Afrique (AM 42-68 ; 84-96). Face à ce document très important du Magistère, nous avons, comme prêtres et religieux, une grande responsabilité: nous devons bien le connaître pour faire, en premier lieu, de judicieuses suggestions aux Evêques au sujet de nouvelles initiatives à prendre pour son application et pour guider, en second lieu, de façon sage nos collaborateurs et nos fidèles dans sa mise en pratique. "Africae munus" interpelle tous et chacun de nous dans l'Eglise en Afrique.

                                     


 
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